Annonces ventes aux enchères

Vous pouvez contacter Maître ADJEDJ pour toutes demandes concernant les ventes de saisies immobilières

Attentat du Thalys : examen de personnalités des quatre accusés

Attentat du Thalys : examen de personnalités des quatre accusés

Quatre accusés, deux Marocains, un Algérien et un Belgo-Marocain, dans le grand box de la cour d’assises. Trois interprètes en langue arabe. Pour faciliter les échanges avec les accusés dont trois maîtrisent mal la langue française. Ils portent un casque audio retransmettant la traduction. Quatre hommes aux rôles distincts, selon l’accusation.

Aux côtés d’Ayoub El-Khazzani, Bilal Chatra, un Algérien de 24 ans, considéré comme l’éclaireur d’El-Khazzani entre la Turquie et l’Allemagne, Redouane El Amrani Ezzerrifi, un Marocain de 28 ans, et Mohamed Bakkali, un Belgo-Marocain de 33 ans, déjà mis en cause dans les attentats de novembre 2015, qui l’auraient aidé à rejoindre l’Europe.

Après un long rappel des faits et éléments à charge contre les accusés, la cour d’assises spécialement constituée, présidée par Franck Zientara, s’est penchée sur leurs personnalités. Un exercice où la frontière avec les faits, qui n’ont pas encore été abordés, est toujours ténue.

Ayoub El-Khazzani, cheveux tirés en arrière, barbe taillée sous le masque, souhaite s’exprimer en français. L’un des interprètes traduit cependant les questions du président. À ce dernier qui lui demande s’il reconnaît les faits, à savoir la tentative d’assassinats sur l’ensemble des passagers du train, Ayoub El-Khazzani répond par un « ouais, l’ensemble des faits ».

Étonné, le président repose la question et obtient la même réponse. Durant l’instruction, après avoir été taisant, il a affirmé avoir voulu tuer des militaires américains dans le train 9364. Des cibles que lui aurait désignées Abdel Hamid Abaaoud, le coordinateur de cet attentat et de ceux du 13 novembre 2015 à Paris.

C’est la première surprise du procès. Le président continue alors sur l’examen de personnalité. L’accusé a quitté le Maroc en 2007 pour l’Espagne, où son père est venu travailler. Son français hésitant rend ses explications assez difficiles à comprendre. Il tombe dans la délinquance, s’éloigne du trafic de cannabis grâce à l’un de ses frères, étudiant en sciences islamiques. Part en France puis en Belgique, avant de rejoindre la Syrie en mai 2014.

Ses motivations sont floues. Pour aider les gens qui se faisaient massacrer par le régime de Bachar al-Assad, dit-il. Il était « dans une bulle », évoque la propagande de l’État islamique (EI). L’enquêtrice de personnalité indiquera qu’il voyait les djihadistes de l’EI « comme des Robin des bois ». « Quand t’as 25 ans, t’as pas de recul », répond-il aujourd’hui. En détention, il apprend le français, suit des cours.

Après un échange avec son avocate Sarah Mauger-Poliak, l’accusé revient sur ses déclarations. « Je reconnais les faits que j’ai faits. Mon objectif, c’était les Américains », dont lui aurait parlé Abaaoud. En clair, il ne visait pas l’ensemble des passagers du train. « Si vous avez des difficultés à exprimer les choses, parlez dans la langue qui vous semble la plus aisée », s’énerve le président.

Mardi, ce fut au tour des trois autres accusés. Redouane El Amrani, a quitté le Maroc à 24 ans pour la Turquie. Il séjourne à Edirne, où il rencontre Abdel Hamid Abaaoud. « Il était gentil au début. Je ne savais pas ce qu’il avait dans la tête. Ma seule idée, c’était d’entrer en Europe », explique l’accusé, poursuivi non pour complicité de tentative d’assassinats en relation avec une organisation terroriste mais pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. En détention en France, après avoir été remis par l’Allemagne, où il était en détention, il a appris le français et refusé d’être en contact avec sa famille.

Bilal Chatra est celui qui a servi d’éclaireur sur la route des Balkans à Abdel Hamid Abaaoud, le coordonnateur de la vague d’attentats en France, et d’Ayoub El-Khazzani. Visage juvénile, cheveux longs crépus, maillot de foot, il ne reconnaît pas les faits de complicité d’assassinats. « Je reconnais avoir aidé M. El-Khazzani à ouvrir le chemin, mais ça s’est arrêté là. Ça s’est arrêté en Allemagne, à Cologne », explique-t-il par le truchement d’un interprète.

Il a quitté l’Algérie à 18 ans pour la Turquie. « Je n’avais aucun avenir en Algérie ». Il séjourne à Edirne où, entre ses activités de passeur vers la Grèce, il rencontre Abaaoud. « Il me parlait souvent du Shâm. Il me disait qu’il y avait un État islamique. Il m’a dit que le vrai monde se trouvait là-bas. »

« Je le considérais comme un grand frère », dit-il d’Abaaoud, avant d’ajouter : « Non, on ne peut pas dire que c’était un ami. Une connaissance de travail. » Le futur coordonnateur des attentats se porte garant pour lui en Syrie où il effectuera une formation aux armes. Et recevra le surnom de Hamza le Sniper. Mais aujourd’hui, devant la cour d’assises, il peine à expliquer pourquoi il a été surnommé ainsi.

Parfois, c’est à se demander s’il joue l’idiot ou se moque de ceux qui lui posent des questions. Il répond à côté ou ne répond pas. Est-ce un problème de traduction ? À un avocat de la partie civile qui veut l’interroger : « Je ne veux pas répondre maintenant, c’est le moment de l’enquête de personnalité ». Ou au président : « Votre question ne me dérange pas. Vous avez le droit de m’interroger. Je suis là pour vous répondre. »

Quatrième accusé, Mohamed Bakkali, né à Verviers, en Belgique. Il est soupçonné d’être allé chercher en Allemagne Ayoub El-Khazzani pour le ramener en Belgique. Des faits qu’il conteste.

Depuis son incarcération en France, il est placé à l’isolement. « C’est un homme qui a le souci de parler », dit de lui l’enquêtrice de personnalité. Enfance heureuse « dans une petite ville où tout le monde se connaît », baccalauréat technico-commercial, a travaillé dans le garage de son père avant de vivre de la vente de contrefaçons. Il a suivi quelque temps des cours d’arabe où il rencontrera Khalid El-Bakraoui, l’un des kamikazes des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.

Lundi, la cour d’assises a décidé de ne pas faire entendre le cinéaste Clint Eastwood, réalisateur du film Le 15h17 pour Paris. Une audition sollicitée par la défense d’Ayoub El-Khazzani. Dans ce film, les trois rôles principaux sont tenus par les Américains, dont deux militaires, qui ont arrêté l’auteur des faits avant qu’il ne commette un probable carnage. Les trois hommes n’ont pas participé à la reconstitution organisée par la justice. Ceux-ci seront entendus jeudi et vendredi par la cour d’assises.

Auteur d'origine: babonneau
Projet de loi séparatisme : le texte de l’avant-pr...
Application de plein droit de la procédure à bref ...
 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
Invité
mardi 16 avril 2024

By accepting you will be accessing a service provided by a third-party external to https://www.avocatadjedj.fr/