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Procès de Tyler Vilus : « Il vous revient de mettre un terme définitif à ce massacre »

Procès de Tyler Vilus : « Il vous revient de mettre un terme définitif à ce massacre »

En mai 2015, dans la ville de Shaddadi, deux combattants de l’armée syrienne libre vont être exécutés en place publique. Vêtus d’une tenue orange de prisonniers, ils subissent un dernier interrogatoire, mis en scène pour servir la propagande de l’EI, et le plan suivant les montre à genoux, les mains liées dans le dos, à la merci de deux bourreaux porteurs d’une cagoule. Tout autour, la foule s’amasse pour assister à l’exécution. Debout légèrement en retrait des bourreaux, un homme donne le signal fatidique, puis les détenus sont exécutés d’une balle derrière la tête. Alors cet homme lève le bras, tout comme l’homme debout à ses côtés : Tyler Vilus.

La vidéo a été découverte tardivement par les enquêteurs, et ce n’est qu’en 2018 que le djihadiste est mis en examen pour ce chef. Sa présence à cet endroit précis et son attitude valent à Tyler Vilus d’être accusé de meurtre en bande organisée. Le président Laurent Raviot, jeudi 2 juillet, commente. « L’EI va tout organiser, en faire une démonstration de force. On peut imaginer qu’elle a demandé aux membres de l’EI (dont Vilus est) de prendre part à l’organisation. » Vilus soutient depuis le début que sa présence ici est fortuite. Il sortait de la mosquée et, apercevant un ami, il est venu le saluer. Cet homme est présent sur la vidéo, mais il se tient en retrait de quelques mètres de Vilus, debout au côté de l’orateur de cette exécution. Vilus, en outre, est vêtu d’une sorte de treillis en forme de qamis, détient une arme à la ceinture, ainsi qu’un talkie-walkie, attirail qui, pour l’accusation, est celui d’un membre du service d’ordre. Mais Vilus insiste : s’il a pris position ainsi, c’est simplement par respect pour le cérémonial, mais il n’a en aucune manière pris part à l’organisation de ce double assassinat.

Dans son réquisitoire, débuté jeudi après-midi et fini vendredi matin, l’avocat général décrit la scène et qualifie l’infraction : « Tyler Vilus se retrouve sur une scène de crime, parce que c’est sa fonction de policier. Le positionnement qu’il adopte n’est pas celui d’un touriste qui sort de la mosquée. Son positionnement indique la fonction qu’il occupe, sur cette scène de crime. Et l’attitude qui est la sienne est l’attitude d’un individu qui atteste la participation à ces massacres. »

« Toute cette audience a été une douleur, tout ce dossier est une douleur »

Il décrit son parcours ainsi : « Le séjour en Tunisie de M. Vilus est un premier terrain d’entraînement. Très rapidement, M. Vilus considère que la Tunisie est “une petite France de mécréants”, et est déçu par les appels au calme d’Ansar al-Charia. »

« Tout au long de son séjour en Syrie, il est resté tout terrain. Il proclame ses faits d’armes sur son compte Facebook, mais uniquement sous pseudonyme, Abou Hafs, reconnu au sein de l’EI comme un pseudo fédérateur. » Et puis : « Tyler Vilus conseille, il fait passeur, il aide, il accueille à l’hôpital ophtalmologique (bâtiment administratif de la police, ndlr). Il accueille Mourad Farès en juillet 2013. »

C’est ainsi que « Tyler Vilus est chargé de faire respecter la charia, de signaler les entorses, de patrouiller, de s’habiller en civil pour repérer les espions et de réprimer, punir, sanctionner ». Il rappelle que le nom de Tyler Vilus est retrouvé sur un document à en-tête de la police islamique.

Dans un raisonnement inverse à celui exposé par l’accusé, qui expliquait fanfaronner auprès des journalistes en décrivant les exactions, attentats, assassinats qu’il se réjouirait de commettre en France, et certainement pas faire état de projets concrets, l’avocat général estime que c’est précisément dans ce discours de haine et de provocation que la vérité se trouvait, que les intentions de Tyler Vilus étaient révélées.

C’est pour cette raison qu’il a décidé de « rentrer pour perpétrer une tuerie, et une tuerie de masse. La question qui se pose est de savoir s’il était intégré au commando du 13 novembre 2015, mais si ça avait été le cas, une chose est sûre, il n’en aurait pas été un simple membre. Il en aurait été l’un, voire le responsable, il ne peut pas en être autrement, c’est sa façon d’être, sa condition : d’être sa propre autorité. Il ne l’a pas caché. »

« La duperie, chez monsieur Vilus, c’est un entraînement de toute une vie. Tyler Vilus est un assassin, qu’est-ce qui peut encore l’arrêter ? Il a massacré, et il est rentré en France pour continuer à massacrer. Toute cette audience a été une douleur, tout ce dossier est une douleur. Quand on dissipe les rideaux de fumée fabriqués par monsieur Vilus, on ne voit plus que des cadavres. Quand on sort de l’hypnose dans laquelle sa logorrhée nous plonge, on entend plus qu’un silence de mort. Il vous revient de mettre un terme définitif à ce massacre. »

L’avocat général demande la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté maximale, « qui n’est que de vingt-deux ans, hélas, hélas ».

« Il n’est rien dans l’organisation du 13 novembre »

Après s’être plaint de l’instruction qui, selon lui, ne plaçait pas la défense et l’accusation sur un pied d’égalité, Louis-Romain Riché a laissé la parole à l’autre avocat de Tyler Vilus, Gabrielle Milon. Celle-ci résume : « Propagande, oui, recrutement, non. Monsieur Vilus est un instrument de la propagande djihadiste. » Oui, il est coupable d’association de malfaiteurs criminelle, « c’est la nature même de l’EI ». Puis, elle entreprend de retracer le parcours du djihadiste Vilus, et elle affirme : « Monsieur Vilus c’est pas l’amniyat, c’est pas la police islamique, c’est la police militaire, point. Il ne fait pas fermer les magasins, il ne fouette pas, il surveille. »

Louis Romain Riché revient sur la vidéo. « Elle relève clairement de l’association de malfaiteurs terroriste, mais en aucun cas d’une qualification juridique supplémentaire pour meurtre. Il n’est pas un orateur, il ne fait pas partie des bourreaux, fait-il partie du service d’ordre ? Le pistolet est rangé dans l’étui, donc on n’est pas dans le service d’ordre. Il y a des hommes cagoulés armés qui font partie du service d’ordre, ils sont clairement identifiés », plaide-t-il.

« Il convient de faire du droit, vous êtes saisis de l’arrêt de mise en accusation, l’arrêt, tout l’arrêt, rien que l’arrêt. On fait planer l’ombre du 13 novembre, mais il n’est rien dans l’organisation du 13 novembre. Vous ne pourrez pas entrer en voie de condamnation en justifiant celle-ci sur le fait qu’il projetait un attentat sur le territoire national. »

La défense admet le chef d’accusation de direction d’une entreprise terroriste, mais minimise l’ampleur de ce rôle. Il en vient à la peine, réitère que son client « respecte votre institution et fait face à ses responsabilités devant la loi ». Puis, il décrit l’évolution positive de son client, qui étudie la philosophie, ne crée aucun incident malgré ses conditions d’incarcération très dures (à l’isolement depuis quatre ans, dans cinq établissements différents), ce qui prouve, selon lui, son amendement.

Le verdict sera rendu dans la nuit de vendredi à samedi.

Auteur d'origine: babonneau
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Invité
vendredi 19 avril 2024

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