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« Sans les personnels de greffe, il n’y a pas de justice »

« Sans les personnels de greffe, il n’y a pas de justice »

Sur le parvis du tribunal de Bobigny, tandis que ses collègues chantent derrière une banderole « justice morte », Cyril Papon s’extirpe de la foule et, en passant, lance à sa collègue : « Les renseignements territoriaux nous disent que, pour des questions de sécurité, on ne doit pas être plus de cent sur la dalle. — Les risques tiennent plus du burn out que de l’effondrement de la dalle », persifle-t-elle en retour. À vue d’œil, ils sont une centaine, mais la dalle a tenu bon.

D’abord : les greffiers, remontés comme jamais, en grève pour cette journée du 4 mars, au tribunal judiciaire de Bobigny. À l’instruction : grève. Au JLD : grève. À l’application des peines : grève. Seule la cour d’assises tourne encore, mais la greffière a tout de même pris sur sa pause déjeuner pour se regrouper avec ses collègues. Le message est clair : « les moyens de Bobigny sont pitoyables », dit l’une. « Commençons par parler de l’état de santé des personnels », entame Cyril Dion, secrétaire général de la CGT services judiciaires. Dans les services, c’est : « qui n’a pas fait un burn out ou est sur le point d’en faire un ? » Le manque de moyens matériels et humains est énorme, aux trois cent cinquante fonctionnaires en poste, il faudrait selon lui en ajouter « au moins soixante ».

Une greffière de la cour d’assises explique qu’elles sont trois sur cinq dans son service et qu’en deux mois et demi à peine, la voilà à plus de quarante journées d’audience. « Nous sommes parfois obligés de venir le week-end et de rester tard le soir pour finir notre travail, ce qui ne plaît pas à la hiérarchie, car en théorie c’est interdit », pas les supérieurs directs, mais ceux qui ont la responsabilité de tous les services de greffe au tribunal. « Ceux-là ne sont pas solidaires », déplore une greffière, qui souhaite rester anonyme comme la plupart de ses collègues. Celle-là, en poste à l’instruction, explique que deux cabinets sur seize sont dépourvus de greffiers, ce qui ajoute une charge de travail importante aux quatorze greffiers de ce service. « Nous devrions être au moins vingt », dit-elle, mais auraient-elles le matériel suffisant ? Aujourd’hui, c’est un tampon pour deux (« pourtant, on Marianne à tout-va, toute la journée »), et une galère sans nom pour obtenir les fournitures de bureau nécessaires (« le manque de post it, ce n’est pas une légende »). Mais, l’esprit de service public chevillé au corps (« je suis venu travailler en décembre par 40 °C de fièvre »), les fonctionnaires du tribunal de Bobigny maintiennent à flot le deuxième tribunal de France. « Je suis à trente ou quarante heures par mois d’heures supplémentaires écrêtées », c’est-à-dire non payées, dénonce-t-elle.

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Tout autour des greffiers, la famille judiciaire fait corps. « Nous voyons cette journée comme la première d’une union des professions judiciaires », lance l’avocat parisien Thibaud Cotta, du groupe Black robe brigade, association fondée dans le cadre du mouvement de grève contre le régime des retraites. Ils sont plusieurs du barreau de Paris à être venus apporter leur soutien, tout comme, naturellement, les irréductibles grévistes du barreau de Bobigny – qui, sur le parvis, chantent, dansent et rient. « On est solidaires des greffiers, car nous partageons tous le même diagnostic sur la situation de la justice », témoigne Frédéric Gabet, bâtonnier de Seine-Saint-Denis. Convergence des luttes : les avocats, en grève dure depuis deux mois, sont ravis de voir les greffiers battre le pavé à leur tour. Ceux-ci sont unanimes : ils ont toujours soutenu la grève des avocats, malgré une lettre de Nicole Belloubet qui, subtilement, a tenté de les dresser contre eux. « Ça nous a encore plus soudés », explique Cyril Dion, de la CGT.

Au-dessus de la foule, les drapeaux de syndicats flottent et il ne manque personne. L’union syndicale des magistrats est formelle : « Nous estimons que la grève des avocats est légitime et nous soutenons les greffiers », dit Lucie Delaporte, déléguée USM. 78 postes sont vacants, 10 autres sont inoccupés, donc : « les greffiers ne peuvent plus faire tourner la machine », constate-t-elle. Et sans greffier, la justice souffre. « J’ai déjà été obligée de placer quelqu’un sous contrôle judiciaire car je n’avais pas de greffier pour notifier une de mes décisions », déplore Lucie Delaporte, qui est juge d’instruction.

« Sans les personnels de greffe, il n’y a pas de justice », estime Sophie Combes, déléguée du syndicat de la magistrature. Depuis des années, des décennies que les greffes hurlent leur désarroi, la situation n’a fait qu’empirer. « Ils sont toujours aussi peu ou presque, pour faire de plus en plus », car ce qui pose problème, particulièrement ici en Seine-Saint-Denis, c’est que les besoins réels du département sont largement sous-évalués, donc chaque effort budgétaire est immédiatement englouti par un accroissement de la charge de travail. Les greffiers sont les plus exposés, et les autres professions, solidaires, ont tenu à l’exprimer en participant à ce rassemblement qui ne visait qu’une seule entité : le gouvernement.

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Invité
jeudi 25 avril 2024

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